1- L’objectif
L’idée me trotte dans la tête depuis quelques jours, l’objectif que je sens qu’il faut « travailler » est de contacter son ressenti émotionnel, remettre de la vibration en soi.
2- Un support : la musique – un outil : le feutre
Oui mais comment? Parce que la musique classique est pour moi un élément déclencheur d’émotions fortes et pour avoir constaté les mêmes ressentis chez la personne âgée, je m’isole ce matin dans mon atelier pour une immersion musicale. Ma playlist se déroule et très vite je sens des vibrations qui me conduisent à prendre un stylo que je laisse courir sur la feuille sans s’arrêter. Je me laisse emporter par le Boléro de Ravel, je ferme les yeux puis le stylo passe dans ma main gauche me plongeant cette fois-ci dans un vrai lâcher-prise. Ma main court sur la feuille, le trait est tantôt rapide, tantôt court, tantôt fait d’arabesques, tantôt de lignes, au grès de la mélodie. Ça pourrait ressembler à un grand gribouillage et pourtant je vois toutes les nuances musicales dans ces traces.
3- Introduction de la couleur
Je pourrais en rester là, cette première expérience sensorielle est par elle-même tellement bienfaisante. Je tente cependant la couleur en déposant des touches à l’aquarelle. Ma playlist se poursuit sans que j’y prête trop attention. Les feuilles s’enchaînent, je passe aux feutres, puis au marqueurs. Puis vient « Samson et Dalila » de Saint-Saëns « Mon coeur s’ouvre à ta voix » et là je sens que c’est le pastel gras qui répondra le mieux à l’expression de mon ressenti. La mélodie un peu répétitive du Boléro fait place à cet opéra dont la voix puissante active encore davantage mes sensations que ma main traduit sans que je ne la dirige. Le trait passe du fin à l’épais, de la ligne à la boucle dans une danse rythmée. Je n’ai plus envie d’apposer des touches de couleurs, j’ai besoin que la couleur glisse à sa guise sur le support. L’encre remplit ce rôle, la couleur vient se déposer entre les interstices, les 2 couleurs que j’ai choisies se rencontrent et poursuivent la danse à leur tour.
4- Observation
J’observe ma feuille, est-ce joli? Est-ce esthétique? Je n’en sais absolument rien et ça m’est bien égal. S’il y a bien quelque chose dont je suis certaine à ce moment là c’est le bien-être éprouvé dans l’accueil de mes ressentis corporels, sublimés dans la création.
J’ai déjà hâte d’expérimenter le processus avec les résidents…
Comme l’art-thérapie consiste à laisser venir l’inattendu, rebondir sur ce qui est exprimé… nous verrons lors de cette prochaine séance avec les résidents que rien de ce qui avait été imaginé, ou presque!, ne se passera comme prévu. C’est ce qui fait la richesse de l’art-thérapie!