Les couleurs des émotions

Rédigé le 12/06/2024

La séance précédente avait pour objectif de classer les émotions agréables et désagréables. Les résidents ont pu identifier les émotions, ou sentiments provoqués par les émotions primaires telles que la tristesse ou la joie. Ainsi ont-ils pu exprimer des émotions désagréables telles que l’inquiétude face à la fin de vie ou la perte d’un ami, la révolte quant au fait d’avoir perdu son indépendance et sa liberté, la fatigue liée à la vieillesse mais aussi la sérénité dans ce lieu qui leur apporte sécurité et soutien. Aujourd’hui nous allons donner des couleurs à ces émotions agréables et désagréables. Les résidents vont pour cela fabriquer leurs couleurs à la gouache. Une musique douce accompagne ce moment et j’observe chacun déposer avec application « sa préparation » sur son cahier. Mme D évoque le bleu clair pour représenter la sérénité et le sentiment de sécurité qu’elle éprouve. Elle sait déjà qu’elle devra ajouter du blanc à son bleu pour obtenir la couleur qui lui fait du bien, elle y va par petites touches jusqu’à obtenir la couleur qui lui convient. La couleur qu’elle associerait à la tristesse serait le gris, elle mélange alors le noir et le blanc et joue avec les nuances, comme pour représenter les différentes intensités de cette émotion. Mr C choisit le rouge pour la colère et l’injustice qu’il peut ressentir, et pour cela il ajoute une pointe de noir. Il y voit alors un volcan et choisit de garder de la matière pour qu’en séchant « elle empêche ce feu de se répandre comme le ferait la lave ». C’est le moyen qu’il trouve aujourd’hui pour canaliser son sentiment d’injustice.  Le bleu est pour lui la couleur de la joie auquel il ajoute une pointe de jaune, cela lui évoque la mer auprès de laquelle il a grandi à Tunis. Mme M choisit un rouge sombre pour représenter les douleurs qu’elle ressent sur ses mains et qui génèrent colère, tristesse et irritation chez elle. Le bleu qu’elle dépose à côté apparait comme un baume qui vient apaiser son ressenti. L’émotion est palpable. 

Des images se dessinent parfois, créant amusement et surprise.

L’action motrice a pris le relai de la parole qui a permis dans un premier temps de mettre des mots sur les émotions : choisir « la » couleur, la fabriquer, la déposer, la regarder, la ressentir et  redonner ici une place au corps.