Vers la reconnaissance du métier d’art-thérapeute

Rédigé le 09/02/2023

Allez je me jette à l’eau, je jette un pavé dans la mare, j’envoie une bouteille à la mer! Depuis quelques temps je vois émerger des formations rapides qui préparent au métier d’art-thérapeute, promo à saisir, 45€ la formation, quelques jours par ci, quelques visio par là! Ça m’effraie! pour ma part j’ai suivi une formation de 3 ans, 4 si l’on prend en compte la rédaction du mémoire et la soutenance. Donc 4 ans pour se former au métier d’art-thérapeute, par le biais d’ateliers expérientiels qui permettent d’expérimenter pleinement les différents outils de l’art-thérapie, de manière à  s’orienter vers ce qui nous correspond le mieux, la médiation art-plastique, danse, théâtre, musique, modelage, écriture…  des cours de psychopathologie pour se sensibiliser à toutes les pathologies, de la névrose à la psychose, auxquelles nous serons certainement exposés un moment donné, des stages dans différentes structures pour observer le métier, s’y essayer puis s’y plonger… Une supervision mensuelle pour mieux se connaître soi-même et éviter que notre histoire personnelle ne vienne parasiter l’accompagnement de la personne dans le contre-transfert. C’est aussi des livres à lire, des comptes-rendus à produire.

L’art-thérapie c’est un vrai accompagnement thérapeutique avec des objectifs posés, une progression dans le soin, et si l’on doit se laisser surprendre et guider aussi par ce qui advient, c’est guidé par notre fil rouge, avec un dispositif ajusté tout au long de la prise en soin. Un dispositif qui comprendra la consigne libératoire, de préférence ouverte pour permettre une grande liberté d’agir à la personne, un ou des outils que l’on pourra suggérer pour faciliter l’expression de ce qui fait noeud, d’accéder à sa part refoulée qui fait blocage parce que confuse, envahissante, troublante sur laquelle on ne peut poser de mots. C’est tout le non-dit qui s’exprime aussi autour de la création, qui participe au processus et qu’il faut considérer.

C’est des productions sur lesquelles se déposent l’émotion douloureuse, la souffrance, la douleur physique ou psychique… ce n’est pas une œuvre d’art, même si l’on peut s’émerveiller aussi du résultat, mais bien l’expression d’un ressenti, sur laquelle la personne va être amenée à mettre du sens, soutenue par l’art-thérapeute. Et le travail de l’art-thérapeute consiste bien, dans le mine de rien, à aider la personne à avancer dans son chemin de transformation, en l’accompagnant dans cette traversée qui peut être douloureuse car c’est bien une souffrance qui amène la personne à l’art-thérapie et s’en libérer nécessite de la reconnaître, la regarder, et en faire quelque chose.

Ainsi donc on ne s’improvise pas art-thérapeute… L’accompagnement dans le soin est une vraie responsabilité et sans une formation solide, longue aussi parce qu’elle nécessite des appropriations que seul le temps permet d’ancrer, on peut passer à côté d’un travail thérapeutique, la personne pourra trouver du plaisir à créer, pourra avoir le sentiment d’aller mieux mais l’art-thérapie ce n’est pas ça. 

Merci donc à toutes les personnes qui envisagent de se former à ce métier magnifique de s’orienter vers des formations sérieuses pour que ce métier puisse être reconnu comme une véritable méthode de soin qui a toute sa légitimité.