Qui se souvient avoir petit.e avoir aimé vêtir des silhouettes sur papier avec telle robe, tel chapeau, tel pantalon? On donnait à notre personnage des allures amusantes que l’on pouvait modifier à souhait. C’est un peu à ce petit jeu que les résidents vont se prêter aujourd’hui. Chacun dispose d’une photocopie d’un visage dessiné par Picasso, l’occasion pour moi de parler aussi de ce peintre, aidée de Mr C qui épate tout le monde quand il partage ses connaissances sur le peintre. Les résidents vont être invités à habiller la chevelure de ce personnage à partir de feuilles récoltées dans la nature. Et, comme on pouvait le faire enfant avec nos silhouettes, le petit jeu va consister à faire et défaire la coiffe. La création restera éphémère pour ne garder que le plaisir du jeu qui offre de multiples possibilités sans rien figer.
Nous commençons par reprendre contact avec ces feuilles au niveau sensoriel. Elles ont été fraichement ramassées amenant des effluves végétales dans la salle et stimulant ainsi l’odorat. Le thym et le romarin viennent particulièrement titiller nos narines et font émerger nos souvenirs. Nous les touchons, certaines piquent, d’autres sont toutes douces, on observe les nuances de vert et admirons ce que la nature nous offre dans sa beauté et sa variété. Les résidents se prennent vite au jeu, je les observe choisir la feuille qui épousera telle forme, ou redécouper une autre pour lui donner une autre forme… D’abord surpris, voire un peu frustrés, de devoir « détruire » leur production pour la recommencer, je les vois se prêter au jeu avec plaisir. Au fil du jeu, l’approche des résidents évolue, les feuilles sont d’abord choisies dans un soucis d’équilibre à des fins esthétiques, les mains choisissent et déposent les feuilles avec minutie, mais très vite les résidents voient que ces feuilles peuvent les amener ailleurs et des coiffes improbables apparaissent alors, les rires s’invitent au jeu. Les créations se succèdent dans un plaisir chaque fois renouvelé, l’imagination et la créativité étant sans cesse convoqués dans le jeu. Les créations sont photographiées et formeront une galerie de portraits dans les cahiers.
« Dans le jeu, l’homme s’écarte du réel (…) La joie, l’abandon, l’aisance qu’on constate dans l’activité ludique dérivent de la sécurité qu’apporte cette délimitation de l’espace du jeu. On sait que les choses n’ont que l’importance qu’on leur donne ». Winnicott