Une méthode récente? Pas tant que ça…
Le pouvoir thérapeutique de l’art n’est pas né hier. De l’Antiquité avec Aristote jusqu’à l’ère contemporaine avec Freud, c’est surtout au XXe siècle que la pratique se développe.
Le terme d’art-thérapie est apparu en 1942 avec Adrian Hill. Celui-ci a pu expérimenter les bienfaits de l’art avec le traitement de sa tuberculose. Cette méthode de soin s’est développée après la seconde guerre mondiale au Quebec et dans les pays anglo-saxons. Elle est reconnue et pratiquée largement aujourd’hui. Apparue en France dans les années 80, elle commence tout doucement à se frayer une place parmi les méthodes de soin dites alternatives.
Méconnue, elle peine à s’imposer
Méconnue, l’art-thérapie peine encore à s’imposer. Recourir personnellement à cette méthode de soin n’est pas encore une évidence. Elle suscite des interrogations:
En quoi le fait de créer pourra m’aider à extirper ce que je n’arrive même pas à nommer?
Je ne sais pas dessiner, comment arriverais-je à exprimer ce que je ressens?
L’art-thérapie est-elle aussi efficace qu’une psychothérapie verbale?
En quoi créer peut être thérapeutique si ce n’est dans le bien-être que je pourrais y trouver?
Autant de questions qui freinent le recours à cette méthode de soin. Parce qu’il y a une certaine méconnaissance de cette méthode de soin, et que l’on peut éprouver des réticences à explorer un domaine où l’on n’est pas à l’aise a priori.
Entre art et art-thérapie
La pratique artistique invite déjà à se reconnecter à son enfant intérieur. Elle calme, elle contribue à apaiser le mental, elle invite au plaisir… On retrouvera ces nombreux bienfaits dans l’atelier d’art. Ici, la personne développe des habiletés, améliore sa pratique pour tendre vers une réalisation voire rencontrer un public.
L’atelier artistique ne comporte pas de fin et peut durer indéfiniment. L’art est un but, là où le processus art-thérapeutique suppose un début, un corps, mais surtout une fin, l’art devient un moyen.
Le processus créateur au coeur de la dynamique
L’oeuvre devient secondaire en art-thérapie. Tout se joue dans la création par le biais du processus créateur. Ce n’est pas l’objet crée qui est thérapeutique mais bien l’acte de créer, au travers de la relation avec l’art-thérapeute. Ainsi le résultat importe peu. Ce qui compte c’est ce que la personne met en oeuvre et manifeste dans l’acte de créer. C’est dans ce sens que la maîtrise de l’outil artistique n’est pas un pré-requis. Et le plaisir s’invite également dans le lâcher-prise, ou le « laisser couler »,. Il libère de la contrainte du résultat à atteindre, pour se concentrer sur le jeu et vivre le moment présent dans une approche intuitive et spontanée.
L’art est un support médiatique qui s’inscrit dans la relation triangulaire formée avec la personne et l’art-thérapeute. Elle prend le relais de la parole et va solliciter notre part enfouie. Celle sur laquelle on n’arrive pas à mettre de mots et qui pourtant agit au plus profond de nous. Considérant que les pensées et émotions les plus fondamentales issues de l’inconscient se manifestent avant tout sous forme d’images et dans le corps, l’expression artistique, qui utilise ces images et passe par l’engagement du corps, permet d’accéder à ces profondeurs. Ainsi la colère, la peur, la tristesse qui agissent en nous trouvent un moyen de se manifester avec force, hésitation, élan, timidité… grâce à la couleur, la trace, la matière, la forme. Les ressentis douloureux du corps sont considérés. Transformés, il nous libèrent, sous l’étayage de l’art-thérapeute.
Le rôle de l’art-thérapeute
Face à la problématique exprimée par la personne, l’art-thérapeute propose un dispositif créatif en lien avec ses besoins, ses attentes et ses envies. Il pourra recourir à divers médiums, arts-plastiques, musique, danse, théâtre… et approches variées. Il observe, sans interpréter ni juger ce qui est produit. Il guide la personne, l’accompagne et la soutient tout au long du processus créatif. En déroulant doucement le fil rouge qui se dessine au fil des séances. Contrairement à la parole, les images demeurent et servent de fil conducteur. L’art-thérapeute aide la personne à exploiter son potentiel créateur. En transformant la matière concrète mise à disposition, la personne se crée elle-même.
La parole au second plan
La séance d’art-thérapie est souvent silencieuse. Nous réveillons notre part intuitive et sensible, celle qui sait sans passer par le détour des mots.
Parfois la création permettra à la parole de se libérer parce qu’elle aura aidé à conscientiser. Parfois le processus créateur suffira à faire émerger ce qui fait blocage sans ressentir le besoin d’y mettre de mots. C’est aussi dans ce sens que cette méthode de soin est appropriée pour les personnes pour qui l’usage de la parole est restreint. Parole bloquée ou difficulté à se connecter à ses émotions, aux ressentis corporels.
Ainsi l’art-thérapie permet d’amener la personne à mieux exprimer ses difficultés personnelles et à la dépasser par la création artistique. Elle agit sur les plans psychologique, moteur, cognitif et sensoriel. L’art-thérapie améliore la qualité de vie, libère et soulage des douleurs indicibles. Elle favorise le développement de l’imagination et de la créativité. Elle aide à mieux se connaître…
L’issue n’est pas la guérison mais le bien-être, le mieux-être et l’acceptation de soi.
L’art-thérapie est définie et réglementée par le code de déontologie du Syndicat français d’art-thérapie. Celui-ci qui donne un cadre de référence à l’art-thérapeute. L’art-thérapeute obtient une certification au terme d’une formation approfondie théorique et pratique. Il a une connaissance et une pratique artistique personnelle qui lui permet d’accompagner la personne dans son processus de création.