La main

Rédigé le 13/08/2025

Le thème de ce jour est la main, un mot simple, mais qui déclenche un flot de réminiscences. Chacun est invité à partager sur ce que ce mot évoque pour lui :

Elle caresse… elle permet d’écrire… d’attraper, de manger, de tenir ses enfants dans ses bras, de battre aussi nous dit l’une des résidentes en évoquant « la main leste » de son père.

Peu à peu, les mains se chargent d’histoires : mains qui donnent, mains qui travaillent, mains qui rassurent.

Je propose ensuite à chacun de poser sa main sur une feuille pour en tracer le contour.  Ces lignes, simples et uniques, deviennent la cartographie intime de chaque participant.

Je découpe chaque contour pendant que les résidents composent un fond à l’aide de petits papiers colorés. Le découpage de la main devient le point de départ d’un jeu visuel.

Alors que ma play liste sur le thème est prête, un problème de connexion nous empêche de faire ce travail en musique. Ainsi cet atelier se fait dans le silence. Au départ un peu contrariée, je m’aperçois que ce silence est bénéfique. Il réduit les stimulations auditives et les distractions, permettant de se concentrer plus longuement sur le geste créatif et de maintenir une attention plus soutenue. Le silence permet aussi à d’autres sons d’émerger : le découpage, le balayage du pinceau rempli de colle, renforçant ainsi la dimension sensorielle de cette activité. Chacun sent la présence des autres, sans paroles ni musique. Cela peut créer un sentiment d’apaisement collectif, différent de la convivialité que donne la musique.

Le découpage de la main vient alors se poser comme un cache sur ce fond révélant une main colorée, lumineuse, parfois déformée par les années et les douleurs articulaires, parfois menue, discrète, presque fragile. Parfois fière, occupant toute la page comme pour dire : « J’existe encore, je prends ma place ».

Nous poursuivons par l’observation de chaque production. Mr C nous amuse avec sa manière habituelle d’apporter sa touche d’originalité. Mme H déclare avec amusement, « ma main je la reconnais bien ». En effet, les doigts sont tordus. Mme P lui répond « ta main c’est la plus belle ». Douceur et bienveillance de l’atelier…

La main devient une empreinte artistique et symbolique. Les cahiers se referment. Est-ce que je me trompe en observant des mains qui caressent leur cahier en le fermant?